Qu’est-ce qui fait qu’un jour on sort un pied de l’engrenage ?
Ce moment fatalement, il arrive. Un jour sans s’annoncer, il est là. Cet instant de lucidité fugace qui se fraye un chemin entre les brumes de l’engourdissement qu’on appelle la réalité, provoquant la question qui tue:
mais quel est le sens de la vie, quel est le sens de MA vie ?
Oui la question tue, car il s’agit d’un point de non-retour. À moins d’endormir le cerveau qui s’est déjà mis en quête d’une réponse, une fois cette question extirpée des voutes de l’inconscient, elle ne se laisse plus ignorer. Finie la vie d’avant. Exit la béatitude de la prévisibilité. Trop tard, notre curiosité est piquée.
On appelle cela l’éveil.
S’éveiller, c’est d’abord se questionner. Observer avec curiosité. Remettre en question le statu quo de notre vie. Et s’il y a avait autre chose de possible pour moi, ça pourrait être quoi ?
Suis-je un automate marchant sur un chemin tracé d’avance par la somme de mes conditionnements, ou ai-je un certain pouvoir sur ma vie ?
Le cycle souffrance-bonheur-souffrance qui marque au fer rouge l’histoire de mon existence a-t-il une date d’expiration et puis-je la devancer ?
Certaines sortent le pied de l’engrenage le jour où une fois de trop une larme est versée. C’est assez, ça ne peut plus durer, je refuse de croire une seule minute de plus que je suis née pour cette vie. La souffrance on le sait, est souvent la fée marraine derrière le changement.
Certaines d’entre nous vivront leur moment d’éveil alors qu’elles sont au cœur d’un grand moment de bonheur.
Une citation qui tombe pile, le passage mémorable d’un livre, un documentaire percutant, LA phrase-choc entendue dans une conférence, un café avec une amie qui semble rajeunie de cinq ans sont autant de déclencheurs qui peuvent nous propulser hors de notre torpeur.
Une fois sortie, la chasse aux réponses commence. Heureusement, quand l’élève est prête, les maîtres se présentent.
Les maîtres oui, car ils peuvent prendre plusieurs formes. Ils se succéderont alors que nous commençons à faire de nouveaux choix, alors que nous n’accepterons plus la médiocrité de la passivité. Ils seront là à nous guider à reprendre les rênes de notre vie et l’immense responsabilité intrinsèque qui vient avec.
Et puis un jour on découvre où réside notre vrai pouvoir, notre vraie présence. En nous la grande sage qui attendait patiemment qu’on se souvienne d’elle réussit enfin à attirer notre attention. On entend et on écoute cette voix. Et on réalise. On réalise qu’il ne s’agissait pas de trouver, mais plutôt de se souvenir de qui on est vraiment.
Et ce jour-là tout devient possible. Tout l’a toujours été, mais ce jour-là, on y croit.
